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20 avril 2008 7 20 /04 /avril /2008 16:56

Beaucoup de choses ont été dites ou écrites au sujet de la réciprocité en Gironde mais peu de pêcheurs des nouvelles générations savent exactement comment elle est survenue en 1966 si bien qu'elle est devenue un sujet souvent mythique.

 

J’ai été le témoin principal à cette époque et c'est pour moi un devoir de mémoire de vous raconter les faits :

 

Les principales Associations de pêche de la Gironde étaient groupées sur Bordeaux et sur la rivière l’Isle.

Celles de Bordeaux possédaient pour la plupart des étangs (anciennes gravières) autour de la ville où la réciprocité n’existait pas. Les pêcheurs de ces Sociétés bordelaises se déplaçaient souvent sur l’Isle en particulier sur le bief réputé de L’Epuisette de St Médard.

Il fallait payer une cotisation supplémentaire pour pêcher à trois lignes ou prendre sa carte sur les lieux de pêche.

 

Un jour, ces Sociétés bordelaises se sont regroupées pour réclamer la réciprocité et puis le ton devint plus menaçant. Elles ont voulu carrément acquérir le bief de l’Epuisette à l’adjudication qui allait se dérouler à la Sous-préfecture de Libourne. Un climat délétère s’installa pendant les deux mois qui précédèrent l’adjudication, où je reçus une multitude d’appels téléphonique de leur part.

Voyons les principaux protagonistes :

Le président de l’Epuisette est Louis FAGEOLLES habitant Bordeaux ; il possèdait une résidence secondaire à St Médard et depuis son élection il m’avait délégué pratiquement tous ses pouvoirs en temps que jeune secrétaire. Les Sociétés bordelaises qui réclamaient la réciprocité étaient représentées par un nommé RIGOU de la « Pibale chartronnaise » soutenu par la puissante et riche Association des « Pêcheurs bordelais ».Paul BOYER Président de la Ligne libournaise agent d’assurances à Libourne était reconnaissable à son petit bouc et à sa virulence pour défendre la réciprocité. Mais contrairement aux bordelais plutôt affairistes, c’était un idéaliste qui n’avait pas eu peur de diffuser des tracts où toutes les Associations adversaires à la réciprocité étaient représentées par une tête de mort.Le Président fédéral René GIRVEAU, était aussi Président de l’Amicale de Bordeaux qui avait son bief à Coutras ; il était contre. Je m’en étais assuré dans un de ses courriers que j’avais gardé confidentiellement.

 

Dans cette histoire, le Président fédéral jouait également sa place mais en homme extrêmement intelligent - j’ajouterais rusé - il a su naviguer en ne faisant rien paraitre et puis, nous allons le voir, en changeant de position au fur et à mesure de l’évolution des évènements.

Les principaux Présidents , Roger HERVE des Fervents du Roseau Libournais, Jean BALAUSE de l’Amicale de Coutras étaient contre mais adoptaient en façade une position neutre.En ce qui me concerne, je m’inquiétais pour l’entretien du bief de l’Epuisette qui ne pourrait ne plus être le même avec une baisse de revenus.

J’étais donc partisan de l’établissement d’un « pot » organisé au niveau fédéral avec répartition de subventions au prorata de la longueur des biefs et de leur fréquentation.Mais le fameux groupement des Associations bordelaises avait maintenant pour but de s’emparer ni plus ni moins du bief de l’Epuisette de St Médard.

 

Vint le jour de l’adjudication à la Sous-préfecture de Libourne. La salle était archi comble pour voir le petit poucet se faire manger par le puissant ogre.Louis FAGEOLLES m’avait donné la consigne de ne céder en aucune manière et de ne pas m’inquiéter pour la suite.

C’est ainsi que je me suis retrouvé dans cette enchère devant le Président des « Pêcheurs bordelais ». Je me souviens que mon cœur battait très fort et que des « Oh » accompagnaient chaque fois les mises de mon adversaire ou les miennes qui arrivaient à un montant astronomique bien au de-là des revenus de l’Epuisette.Puis dans le feu de l’action, après un long calvaire, vint un moment hallucinant c’est celui ou mon adversaire décroche.

J’ai eu parfois dans ma vie des besoins d’oxygène, je crois que cette fin d’adjudication m’a provoqué les mêmes effets.

Louis FAGEOLLES prit aussitôt la parole en tant que Président de l’Epuisette et annonça au public présent à la Sous-préfecture c'est-à-dire la majorité des Associations de pêche de la Gironde que l’Epuisette accordait la réciprocité. Geste salué par une multitude d’applaudissements de la part des spectateurs surpris car rien n’obligeait le Président Fageolles.

René GIRVEAU notre Président fédéral présent à la Sous-préfecture prit ensuite la parole assurant que la Fédération soutiendra l’Epuisette.

Par la suite, le cabinet dentaire de Louis Fageolles place St Augustin à Bordeaux  devint le  lieu de rencontre préféré de nombreux dirigeants d’Associations de pêche.

 

Pour la petite histoire les Associations bordelaises donnèrent la réciprocité de leurs étangs de banlieue seulement un bon nombre d années après…

 

Pour ceux qui ne le savent pas, nous devons la réciprocité en Gironde au Président de l'Epuisette Louis FAGEOLLES et au Président fédéral René GIRVEAU.

La réciprocité consiste à pouvoir pêcher - sans payer de supplément -  avec la même carte dans tous les plans d'eau de la Gironde. L'égalité étant de rigueur entre tous les membres issus de diverses Associations de pêche.

De même, il n'est pas admis de concurrence entre les Associations dont les cotisations doivent être les mêmes pour toutes ni de créer un quelconque avantage pour la délivrance de la carte de pêche.

 

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